Forces navales algériennes : une montée en puissance stratégique

Par Bourse Afrique
Le 18 octobre 2024,

[ALGER] Depuis une décennie, l’Algérie investit massivement dans la modernisation de ses forces armées et les Forces Navales Algériennes figurent parmi les bénéficiaires les plus notables de cet effort. Désireuse de renforcer sa souveraineté maritime, de protéger ses ressources naturelles offshore et de s’affirmer comme un acteur régional incontournable, l’Algérie a transformé ses capacités navales, en s’appuyant sur des acquisitions de pointe et des partenariats internationaux stratégiques.

Une marine en pleine modernisation
Historiquement orientée vers la défense côtière et la surveillance, la Marine nationale algérienne s’est progressivement dotée de moyens qui lui permettent aujourd’hui de jouer un rôle plus ambitieux. Cette montée en puissance est motivée par la volonté de sécuriser ses vastes côtes méditerranéennes (1 200 km) et, surtout, de protéger ses gisements pétroliers et gaziers offshore, cruciaux pour son économie.
Le point central de cette stratégie a été l’acquisition de navires de guerre modernes, à la fois pour la projection de puissance et pour le contrôle des espaces maritimes. Le partenariat avec la Russie, qui remonte à l’époque soviétique, reste clé dans cette transformation, mais Alger a également su diversifier ses fournisseurs pour optimiser ses capacités opérationnelles.

Des acquisitions majeures
Ces dernières années, l’Algérie a fait l’acquisition de frégates, corvettes et sous-marins modernes qui constituent désormais le socle de sa force navale. Parmi les achats récents et les projets en cours, plusieurs se distinguent :

  • Sous-marins de classe Kilo : La marine algérienne a acquis plusieurs sous-marins russes de la classe Kilo, équipés de missiles de croisière Kalibr, capables de frapper des cibles terrestres à longue distance. Ces sous-marins renforcent considérablement la dissuasion de l’Algérie en Méditerranée.
  • Frégates Meko A-200 : Construites en Allemagne par ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), filiale de ThyssenKrupp AG, ces frégates multi-rôles sont équipées de systèmes avancés de détection et de combat, permettant à l’Algérie de surveiller ses zones maritimes avec une efficacité accrue, tout en participant à des opérations anti-sous-marines et anti-aériennes. Il est à noter que Thales a été également impliqué dans l’équipement de ces frégates en fournissant des systèmes de surveillance et de combat.
  • Corvettes C28A : Produites en Chine, ces corvettes de nouvelle génération ajoutent une flexibilité et une rapidité d’intervention à la flotte algérienne, tout en renforçant ses capacités en matière de surveillance et d’attaque rapide.

Ces acquisitions ne visent pas seulement à moderniser les capacités de défense de l’Algérie, mais aussi à lui donner les moyens de projeter sa puissance au-delà de ses eaux territoriales, en Méditerranée occidentale notamment.

Un partenariat stratégique avec la Russie
L’Algérie entretient une relation privilégiée avec la Russie en matière de défense. Outre les sous-marins Kilo, Moscou a également fourni des navires de patrouille et des systèmes de défense anti-aérienne à la marine algérienne. Ce partenariat s’étend également à la formation des équipages algériens et à la maintenance des équipements russes.
Toutefois, la coopération ne s’arrête pas à la simple vente d’équipements. Alger a renforcé ses liens avec Moscou par des exercices navals conjoints en Méditerranée, renforçant ainsi l’interopérabilité de leurs forces maritimes et la capacité de la marine algérienne à mener des opérations complexes.

Vers une autonomie industrielle ?
Bien que l’Algérie continue de se tourner vers l’étranger pour acquérir du matériel militaire, elle affiche clairement une volonté de développer une industrie de défense locale. Des efforts significatifs ont été faits pour acquérir le savoir-faire nécessaire à l’entretien et à la production de certains équipements sur place. Le chantier naval de Mers el-Kébir, près d’Oran, est au centre de cette ambition, avec des capacités croissantes de modernisation et de maintenance des navires.
La récente annonce d’un projet de construction de corvettes avec des partenaires étrangers pourrait être un pas vers cette autonomie industrielle. L’objectif affiché est de réduire progressivement la dépendance vis-à-vis des fournisseurs extérieurs tout en renforçant l’expertise locale.

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